Réalisateur: Giuliano Montaldo

Interprétation: Philippe Noiret, Rupert Everett, Nicola Farron, Valeria Golino

Production: LP Films, Paradis Films, Avala Film, Les Films de l'Ouest, France 3, DVF Distribuzione et Reteitalia

REMARQUES:

-Le film dénonce les tabous d'une société bourgeoise corsetée dans des préjugés encore avivés par la propagande machiste et familiale du fascisme.

-L'histoire se passe en effet à la fin des années 30, dans l'Italie de Mussolini. Un médecin(Philippe Noiret) entame une liaison malheureuse avec un séduisant étudiant (Nicola Farron) et s'affiche avec lui devant la bonne société, au cours de vacances estivales. Il va alors connaître la solitude et vivre un véritable calvaire. Sa clientèle l'abandonne, les gens l'évitent dans la rue et même sa chienne, qui est devenue sa seule compagne, finira par lui faire faux bond. A bout de chagrin, il se suicidera.

-L'hypocrisie et la fausse respectabilité de notables sans envergure sont montrées ici sans colmplaisance. A cet égard, le personnage joué par Stefania Sandrelli (excellente), pimbêche cruelle et langue de vipère acérée, est très représentatif de cette bourgeoisie rance.

-Dans l'Italie fasciste, les homosexuels étaient considérés comme des criminels et relégués dans des îles qui servaient de camps d'internement. Une scène montre d'ailleurs des jeunes gens en train de maltraiter et d'insulter un vieil homosexuel.

-Il est question d'une autre persécution dans le film, celle des juifs. Comparée aux atrocités du régime nazi, l'attitude des fascistes à l'égard des juifs est généralement considérée comme plus modérée. Du moins jusqu'à la fin des années 30, le régime se montre en effet assez tolérant envers les juifs. Mussolini lui-même, qui méprisait le nazisme, n'était pas vraiment antisémite. Mais les choses vont changer, l'antisémitisme d'Etat permettant d'affirmer la nécessité d'une certaine pureté raciale et de trouver un bouc émissaire commode. Les mesures de persécution adoptées dans les années suivantes visaient à recenser les juifs et à les discriminer, mais pas (du moins jusqu'à la République de Sal) à les exterminer. Le film montre bien la montée de la répression: le professeur (Roberto Herlitzka) renvoyé, les étudiants (dont Rupert Everett) pris à partie, l'obligation de vivre dans un ghetto.

-Dans le rôle de cet homme généreux et doux, mais brisé par l'adversité, Phillipe Noiret, très sobre, est bouleversant. Son jeu intériorisé a une grande force.