Réalisateur:Hervé Mimran

Interprétation: Fabrice Luchini, Leïla Bekhti, Rebecca Marder, Igor Gotesman

Production: Matthieu Tarot pour Gaumont et Albertine Productions

REMARQUES:

-Le film dépeint le bouleversement profond provoqué dans la vie d'un célèbre industriel (Fabrice Luchini) par la survenue d'un AVC, qui brouille sa mémoire et perturbe son langage.

-La force du film est de conter cette histoire tragique sans sombrer dans le pathos. L'équilibre entre le rire et l'émotion est ménagé avec une certaine habileté, et le film évite les effets faciles.

-Le metteur en scène ose faire rire de l'infirmité subite de Fabrice Luchini. Quand il se réveille, et parle à sa famille en un sabir incompréhensible, sa fidèle gouvernante ne se retient pas de pouffer. Les inversions de syllabes, les mots prenant tout à coup un sens salace ou prononcés de travers, tout ceci provoque le rire. Le réalisateur ne se moque pourtant pas de son personnage , il se sert seulement de ces effets cocasses pour désamorcer le sentimentalisme et la pitié.

-Autre réflexion intéressante: du mal peut surgir un bien, d'un dramatique accident de santé, peut naître une autre vie, plus contemplative et plus attentive aux autres. L'homme d'affaires impitoyable, qui mène sa vie à un train d'enfer ("je me reposerai quand je serai mort"), prend désormais le temps de siroter un café ou de regarder passer les gens. L'industriel pratique, le regard rivé sur le cours des actions, part subitement sur les chemins de Compostelle, en compagnie de son chien. Ce veuf, indifférent à son entourage, s'aperçoit enfin qu'il a une fille, et qu'il ne la connaît pas.

-Ce conte pêche peut-être par excès d'optimisme et les bons sentiments sont près d'étouffer le dynamisme de l'histoire. Cet égoïste, devenu altruiste par le truchement d'un accident vasculaire miraculeux, c'est, bien sûr, un peut trop beau pour être vrai. Comme souvent, tout se passe aussi dans un milieu privilégié, où l'argent coule de source et où l'on a tout loisir de méditer sur la vie et le destin.

-Fabrice Luchini montre, une fois de plus, l'étendue d'un talent qui n'est plus à démontrer. Il passe, avec une aisance confondante, du businessman impitoyable à cet homme désorienté et privé de ses repères. Il lui donne cet aspect un peu lunaire qui n'appartient qu'à lui.