Réalisateur: Robert Vernay

Interprétation: Raymond Souplex, Jane Sourza, Jean-Pierre Bonnefous, Pauline Carton

Production: Eole Productions et Dispa

REMARQUES:

-Le titre, idiot, ne rend pas compte de l'intérêt du film. Si l'on était un censeur grincheux, on devrait condamner sans appel cette pochade, type même du cinéma de consommation du samedi soir.

-Eh bien non! Le film est bien mené et le scénario nous raconte la plaisante histoire d'un jeune prodige (Jean-Pierre Bonnefous) qui, devenu un chef d'orchestre réputé, vit dans une cage dorée et préfère la compagnie des gosses du quartier, enfants des rues qui fréquentent les bancs de la "communale" et forment entre eux la "compagnie de la grande truanderie".

-Bien sûr, il y a des effets faciles: le russe de pacotille que se croient obligés de parler les parents du petit musicien (Raymond Souplex et Jane Sourza); les "da da" de Jane Sourza sont un peu crispants, comme aussi les tours pendables des garnements, qui envoient une balle de golf dans la mousse au chocolat!

-Mais l'histoire se tient, les jeunes acteurs sont bien dirigés et la description de quartiers populaires du Paris d'alors, et notamment celui des halles (où les enfants travaillent au petit jour), donne une sorte d'aspect documentaire au film.

-On assiste aussi à des moments d'anthologie: le chauffeur (Robert Murzeau, qui a enlevé le prodige), ficelé comme un saucisson par les enfants et "torturé" à coups de poil à gratter et de poudre à éternuer et, surtout, cette scène extraordinaire où Jane Sourza, Jeanne Fusier-Gir et Pauline Carton dansent le french cancan! A lui seul, ce moment-là justifie la vision du film.

-Et il y a d'autres acteurs épatants: le cher Lucien Baroux, avec ses poches sous les yeux et ses rondeurs, Jacques Varennes, toujours aussi impérial, Robert Pizani, l'onction faite homme, ou encore Jackie Sardou, dont les formes étaient déjà dodues. Quant à ce duo comique si célèbre à l'époque, formé par Raymond Souplex et Jane Sourza, il fonctionne à merveille. Voilà des artistes accomplis, formés à la dure école du cabaret et de la radio.

-A noter la présence, dans le rôle du jeune chef d'orchestre, du futur danseur étoile Jean-Pierre Bonnefous. Moins d'une décennie plus tard, on le retrouvera dans "l'âge heureux", le célèbre feuilleton d'Odette Joyeux.