Un film de Vincent Sherman

-Ce dernier film de Vincent Sherman n'ajoute rien à sa réputation. Il est dommage que le grand écrivain Cervantes ait été mêlé à ce poussif récit d'aventures.

-Certes, le film relate avec une certaine exactitude certains épisodes de la vie de l'auteur de "Don Quichotte" : il fut bien soldat, participa, en effet, à la bataille de Lépante, où il reçut une blessure à la main, et fut capturé, avec son frère, par les pirates musulmans, puis finalement racheté.

-Il y avait donc de quoi faire de cette vie, fertile en aventures, un récit épique. Hélas, le rythme est languissant, ralenti encore par l'insipide intrigue sentimentale avec une courtisane de haut vol (Gina Lollobrigida).

-Les scènes d'action, comme la fameuse bataille de Lépante, en 1571, qui arrêta l'avancée turque en Europe, manquent complètement de souffle. Cette grande bataille navale se réduit à un confus corps-à-corps entre les équipages de deux navires. Et la scène n'en finit pas!

-On nous avertit, au début du film, que des scènes ont été tournées à Rome ou à Grenade. De la Ville Eternelle, on ne voit que quelques vues fugaces du Colisée et de la basilique Saint-Pierre. Quelques plans ont pu être tournés dans les jardins de l'Alhambra, mais, si c'est le cas, le réalisateur n'a rien fait pour tirer partie du lieu. Et les décors intérieurs sont, le plus souvent, d'une pauvreté insigne, souvent même hideux. A moins que l'intention ait été de montrer, par la grande sobriété de ses appartements, la simplicité évangélique dans laquelle vivait le pape!

-Dans ce genre de coproductions, personne ne semble s'étonner que les acteurs parlent anglais, que l'action se déroule en Espagne, en Italie ou en Turquie, et que les comédiens soient allemands (Horst Buchcholz), italiens (Gina Lollobrigida), américains (José Ferrer), espagnols (Fernando Rey) ou français (Louis Jourdan). Il est vrai que l'anglais est la "lingua franca" de notre époque.

-Si Louis Jourdan est crédible en cardinal, Fernando Rey ne l'est guère dans le rôle de l'austère Philippe II. Quant à José Ferrer en féal du sultan, il a l'air déguisé pour le carnaval!