Réalisateur: Henry Hathaway

Interprétation: Lloyd Nolan, William Eythe, Signe Hasso, Leo G. Carroll

Production: Louis de Rochemont pour Twentieth Century Fox

REMARQUES:

-Un film très réussi d'Hathaway, qui s'inscrit dans la veine documentaire de la Fox.

-On nous montre en effet le fonctionnement concret du FBI, avec ses immenses salles réunissant les fichiers gigantesques de l'organisation, ses appareils de spectrographie, son service de décryptage des codes secrets etc. La formation des agents est également montrée, comme l'installation de bureaux avec des miroirs sans tain, qui permettent d'observer et de filmer sans être vu. La surveillance de certains lieux sensibles, comme les ambassades ou les laboratoires, est exercée en continu, avec des agents filmant et photographiant, de jour comme de nuit, toutes les personnes entrant et sortant.

-Dans certaines scènes, les membres du personnel du FBI jouent leur propre rôle. On aperçoit même, dans un plan fugitif, le grand patron, J. Edgar Hoover en personne!

-Tourné juste après la guerre, le film veut nous faire croire que les Etats-Unis étaient menacés par une cinquième colonne très active, agissant au travers d'agents nombreux et formés en Allemagne  (ou au Japon). Ce film de propagande, à la gloire du valeureux FBI, affirme que tous les nombreux complots ont été déjoués grâce à la sagacité de ses employés et qu'aucun secret militaire n'est sorti du pays. Car, fort de ses méthodes scientifiques et d'un patriotisme sans faille, le célèbre Bureau d'investigations est un organisme infaillible.

-A la vérité, ces affirmations relèvent d'une véritable paranoïa et même d'un certain esprit obsidional, qui se prolongeront dans l'hystérie anticommuniste et la chasse aux sorcières. Le film prétend que seuls les étrangers à l'esprit subversif ou dangereux pour la sécurité nationale (notion bien élastique) furent arrêtés, alors que plus de 100 000 Japonais d'origine américaine( dont beaucoup de femmes et d'enfants) ont été regroupés dans des camps d'internement. Et on nous montre ces étrangers appréhendés, le regard torve, la mine patibulaire ou le faciès "exotique": tous les spectateurs peuvent ainsi se convaincre que ce ne sont pas de vrais Américains!

-Sinon, le film est bien mené et raconte une histoire d'espionnage divertissante, avec espionne blonde et sans scrupule, censée diriger une maison de mode (Signe Hasso), et qui se déguise en homme pour les besoins de sa mission, colonel distingué (Leo G. Carroll) ou hommes de main sans états d'âme.

-Le secret que les espions nazis essaient de dérober est celui de l'arme atomique. Le commentateur du film précise que, depuis l'explosion de la première bombe sur Hiroshima (énoncée comme un simple fait), il est possible de parler de cette arme terrible.

-On est toujours très heureux de retrouver le cher Leo G. Carroll (le célèbre Mr Waverly de la série "Des agents très spéciaux"), dont le maintien aristocratique et le jeu nuancé font toujours mouche.